Si le management est un art, il en est aussi tout le contraire. L'art est interprétation du réel, le management travaille sur le réel.
Beaucoup d'entreprises sont pleine d'artistes : façonnées par leurs histoires, elles affichent des images, des marqueurs puissants, des codes d'appartenance et de fonctionnement qui sont tout sauf explicites. Celui qui n'en est pas ne comprend pas.
Face à une œuvre d'art, les émotions surgissent, les imaginaires s'éveillent, les interprétations fusent. Et c'est ce qui nous enchante. Il n'y a rien de plus implicite qu'une œuvre d'art.
Là où c'est flou, y'a un loup !
Pourtant l'implicite engendre l'équivoque et créé l'ambiguïté. Avec l'équivoque va la cacophonie. C'est pourquoi seuls les grands artistes ont fait l'unanimité, et encore rarement de leur vivant.
Beaucoup d'entreprises accordent trop peu d'importance à rendre les explicites dans les relations : pas assez de temps pour se dire les choses (comme dans un couple), peur de questionner, sentiment d'être clair sans percevoir les doutes, culture qui permet de se comprendre sans se parler. L'ambiguïté, comme le rappelait le regretté François Dupuy, permet aussi à certains managers moins bien intentionnés de conserver le pouvoir. Il y a bien des objectifs, une stratégie, des référentiels. Mais ils portent peu sur les sujets de travail réel.
Il s'agit pourtant d'être explicite pour :
- clarifier les attentes et objectifs,
- créer une communauté alignée,
- favoriser l'engagement : chacun sait où est, où il va, comment et avec qui, avec un rôle clair,
- rendre efficace la communication,
- éviter des conflits inutiles,
- éviter de perdre du temps dans des hypothèses qui s'avèrent fausses,
- limiter les comportements déviants qui profitent de l'ambiguïté pour servir leur intérêt propre.
Plus que d'autres, les managers français sont bien connus pour avoir des attentes implicites. "Faites pour le mieux". "Je vous fais confiance pour vous en occuper". Ou pire "Faites en sorte que", sans préciser leurs attentes clés de fonds ou de forme. Aucun travailleur d'Asie, des pays de l'Est ou d'Amérique du Nord notamment ne peut accepter de telles directives implicites.
Car au moment même où vous rendrez le travail, beaucoup diront : « Mais non, ce n'est pas du tout comme ça que je voyais les choses ! ». Alors vous vous rendez compte que vous n'avez fait qu'aider le manager à clarifier ses propres attentes.
Résultat prévisible : confusion et paralysie. "On ne m'y reprendra pas". L'implicite inquiète, l'explicite rassure. "Là où c'est flou, y'a un loup" dit la sagesse populaire.
Être clair à deux, 20 ou 200 !
Pour développer une culture de l'explicite, nous vous proposons trois clés :
1. Clarifier ses propres attentes et ambitions. C'est souvent le plus difficile. Alors beaucoup se contentent de redire ce qu'a dit leur chef. Valeur ajoutée nulle. Le mieux est de le faire avec un allié : clarifier les objectifs est souvent la première étape d'un coaching.
2. Les exprimer sous forme de résultat attendu, délai et de moyens autorisés ou interdits. Les militaires parlent d'effet final recherché. Sur le plan tactique, ils ont le D.PIF. Direction Point à atteindre Itinéraire Formation. C'est simple. D'autres méthodes comme la "Note de sens" permettent de clarifier et de communiquer avec impact devant des équipes.
3. S'assurer de la bonne prise en compte et acceptation par une reformulation ou toute autre méthode d'appropriation, qui inclut des possibles suggestions. Cela permet à la personne de se mettre en mouvement et d'apporter des correctifs ou demander des moyens.
Ces méthodes et bien d'autres partent de l'idée de responsabilité, qui passe par un dialogue adulte-adulte. L'Analyse Transactionnelle donne de nombreuses clés pour y parvenir.
Ce qui est possible en One-to-One est aussi possible en équipes et entre équipes. La plupart des personnes de bonne volonté y trouveront intérêt.
Avez-vous observé des équipes alignées ? Avez-vous senti l'énergie de réalisation ? Des débats vifs avant la décision, puis de l'unité dans l'action : comme une équipe victorieuse aux JO !
Le pire n'est pas un "misunderstanding" entre deux personnes, mais l'incapacité à s'exprimer pour l'anticiper.
Chez Co.devenir, nous avons développé, utilisons et mettons en œuvre des méthodes et diagnostics qui permettent d'obtenir le recul nécessaire pour passer de l'implicite à l'explicite, de 2 à 200 personnes, voire davantage. Les résultats sont souvent exceptionnels, humainement et opérationnellement, dès lors que l'équipe dirigeante soutient la démarche.