Affronter ses peurs, une composante essentielle du leadership

Nos peurs façonnent notre personnalité tout au long de notre vie.

La peur est présente chez chacun d’entre nous, elle joue le premier rôle dans le développement du leadership des hommes et des équipes.

Le passage de l’enfance à l’âge adulte confronte chacun d’entre nous à la conscience déstabilisante de devoir se penser et agir dans un temps et des expériences limités.

Le sentiment de finitude caractérise la condition humaine.

Les figures héroïques légendaires ou réelles ont peur. Elles deviennent ce qu’elles sont en surmontant leurs peurs.

Les peurs auxquelles nous sommes tous confrontées

Eudes Séméria, psychologue clinicien, vient de publier : les quatre peurs qui nous empêchent de vivre (Editions Albin Michel).

Il a reçu le Prix Essai Psychologies-Fnac 2022.

Son ouvrage traite de la peur

1. De grandir, ou la difficulté à assumer un réel statut d’adulte autonome,
2. De s’affirmer c’est-à-dire de se définir, de définir son rôle et sa place,
3. D’agir qui se traduit par la difficulté à se projeter et à construire un sens à sa vie,
4. De se séparer ou la difficulté à faire confiance aux relations affectives.

Cette typologie centrée sur les peurs intrinsèques complète celle de Willy Schutz (L’élément Humain, Comprendre le lien entre estime de soi, confiance et performance) qui retenait 3 peurs liées aux relations interpersonnelles :

1. La peur de l’abandon, ou d’être ignoré liée au besoin de nous estimer important vis-à-vis des autres
2. La peur de l’humiliation liée à notre besoin d’être reconnu compétent
3. La peur du rejet lié à notre besoin de nous sentir apprécié

Boris Cyrunilk dans son livre « Le laboureur et les mangeurs de vent, liberté intérieure et confortable servitude (Editons Odile Jacob 2022) révèle deux stratégies opposées pour nous protéger de nos angoisses existentielles et des menaces parfois bien réelles de notre environnement.

La liberté intérieure est la recherche par nous-même des leviers qui calment nos propres angoisses.

La seconde consiste à déléguer à autrui la responsabilité de nos vies.

La première stratégie nous isole des autres, la seconde nous soumet.

Sortir de ce choix sans bénéfice passe par la conciliation d’un sentiment de protection et le gout paradoxale de l’aventure de vivre…

Cette complexité ne peut être apprise, elle doit être vécu et ce depuis l’enfance…

La peur et le leadership

Dans le champ spécifique du leadership, Lolly Daskal propose 7 peurs spécifiques qui doivent être surmontées au risque d’être tenté par des fuites ou des passages en force nuisant à l’impact du leader.

1. La crainte d’être perçu comme un imposteur
2. La crainte de la critique
3. La crainte d’échouer
4. La crainte de ne pas été un bon communicant
5. La crainte de perdre des décisions difficiles
6. La crainte de ne pas prendre la pleine responsabilité
7. La crainte de ne pas faire le job.

La peur est une émotion, nous devons apprendre à la reconnaitre et à la nommer. N’imaginons pas la détruire, apprenons à dépasser les réactions spontanées qu’elle stimule, apprenons à l’apprivoiser pour nous permettre d’agir avec la satisfaction de développer de nouvelles capacités à voir et agir sur le monde…

Le leadership est souvent associé à l’audace. Il ne s’agit que de la première face de la pièce. La seconde plus intime représente les peurs. Le leader doit affronter positivement ses peurs. Ceci est souvent le fruit d’un long travail personnel. Le coaching peut être utile pour stimuler ce dialogue avec soi-même. En affrontant ses peurs, le leader évitera, les fuites, des renoncements et les arrogances dangereuses pour lui et pour les autres.

La poésie et la condition humaine

Pour terminer avec de la poésie, je vous suggère de visionner Le Petit Prince de Saint Exupéry et particulièrement le chapitre 21, « la rencontre avec le renard », mon morceau préféré pour élever notre âme.

Christian Darvogne

Associé Co.Devenir

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