Le regard, un facteur d'engagement !

Auteur : Emmanuel Lavergne

Date : 14/09/2022

Faire du regard, un facteur d'engagement

C’est le mot d’ordre de la rentrée de Co.devenir, né à l’issue de belles rencontres de l’été.

Les crises que nous traversons exigent de nous, en entreprise, un regard autre que celui que nous proposent – ou imposent - les médias. Pour beaucoup, leur regard c’est le « mauvais œil », celui dont on doit justement se prémunir sans pour autant fuir la réalité ou… détourner le regard.

Autre piège à éviter, le fait que le regard est aussi une projection, cela est connu depuis l’Antiquité et les algorithmes des réseaux sociaux nous entraînent eux dans les biais traditionnels de confirmation ou de conformité qui brouillent notre regard et limitent notre horizon. Une seule vision, celle qui nous plait, le son d’une seule cloche.

Le regard comme facteur d’engagement, et d’émotion par le lien

On s’attarde sur le sourire de la Joconde mais son regard ouvert, curieux sans être intrusif, l’attention qu’il manifeste est aussi une marque de fabrique. Il faut dire que Léonard de Vinci tirait ses extraordinaires inspirations de l’observation attentive. Concernant la Joconde, on peut même dire que le regard est premier avant même le sourire : c’est lui, nous enseignent les neurosciences, qui entraine l’émotion que porte le sourire. Et même si seulement 60 centièmes de seconde séparent le regard du sourire, le regard est premier.

Vous avez souvenir de regards professionnels ou entre collègues qui vous ont fait progresser personnellement et qui ont créé des liens puissants pour mener des missions.

Je reste marqué par cet échange de regards avec mon PDG il y a plus de 15 ans, en le croisant dans les escaliers avec son visage éclairé par un grand sourire (parce qu’on sourit aussi par les yeux), il me lance un : « pourquoi souriez-vous ? » auquel je réponds du tac au tac « parce que vous souriez ». Nous avions tissé un lien à ce moment plus fort qu’en deux heures de réunion. C’était aussi un dirigeant exceptionnel, qui combinait la relation et la sensation avec un parcours d’Ingénieur polytechnicien.

Vous trouverez en commentaire un très bel article sur le regard comme facteur de lien, extrait d’une conférence d’Alain Berthoz sur Cairn.

Dans l’entreprise, vous connaissez sûrement l’expérience de l’atelier Hawthorne d’Elton Mayo vers 1930. Elle avait mis en lumière 😉 que c’était le regard et l’attention portée aux opératrices qui faisait croître la productivité plus que les paramètres étudiés. Les opératrices de la Western Electric étaient « considérées ».

En latin, le verbe « considerare » signifie : « examiner attentivement par les yeux et la pensée ». Cicéron affirmait l’implication personnelle du regard en affirmant que « les yeux sont le miroir de l’âme ».

Cette considération donne de la valeur à l’objet qu’elle considère, valeur d’autant plus forte lorsque ce regard vient de celui qui a autorité, un parent, un auteur, manager, expert, professeur. Isaïe fait même dire par Dieu « Tu as de la valeur à mes yeux ».

Le regard positif, facteur d’engagement

En 1968, l’expérience de Rosenthal et Jacobson montrait que le regard positif porté sur des participants induisait des résultats de leur part meilleurs qu’un regard négatif par la confiance qu’elle transmettait. Cette prophétie autoréalisatrice est devenue l’effet Pygmalion, du nom du sculpteur qui donne vie à la statue sur laquelle il porte un regard amoureux.

Mais attention justement à l’effet inverse, dit Golem. J’ai eu de nombreuses rencontres avec des dirigeants dont j’ai accompagné les équipes.

Ils sont encore trop nombreux à confier au Consultant leur sentiment que leurs managers « ne sont pas au niveau »… les méconnaissances commencent par des généralisations.

Alors je les dénonce.

Le regard positif est un facteur d’engagement et de progrès.

Autre expérience, amusante mais très peu scientifique, reprise par Guillaume Canet dans « Les petits mouchoirs » …. Celle de Masaru Emoto concernant des pots de riz qui, au bout de quelques jours, se teinteraient de sombre ou de clair, selon qu’ils reçoivent des insultes ou des mots d’amour (l’extrait m’a bien fait rire alors je vous le partage).

Le regard managérial attentionné, facteur d’engagement

Autrement plus sérieux, la pratique d’une entreprise de 60,000 personnes qui depuis 3 ans, pousse ses managers à passer chaque semaine un temps, même court, avec chaque collaborateur pour parler de lui, ses talents pour les mettre davantage en œuvre.

Un regard…

La responsable de talents m’indiquait que cela avait remplacé la 9-Box Grid : ce n’est plus les talents de quelques personnes clés qu’il faut regarder, mais les talents clés de tous !

Le manager direct est bien le facteur numéro 1 de l’engagement par sa capacité qu’il a à donner le sens, faire unité, favoriser l’apprentissage, valoriser les marges d’actions.

Les équipes en mode hybride, l’hypermatriciel, le volume des missions qui conduit aux tensions sociales ou sociétales, les antagonismes internationaux, appellent à toujours plus d’inclusion et d’attention. C’est à cette condition que se découvrent les talents. Sinon comment parler de RSE, d’entreprise à mission, de transition. 

Il ne peut y avoir d’inclusion sans un regard d’ouverture, créateur de liens.

Le regard ouvre le regard qui est la fenêtre de l’apprentissage. Regarder cela peut être juger ou s’intéresser. Le regard que porte le dirigeant, le manager, est souvent modélisant.

Quels regards curieux ou attentionnés allons-nous porter en cette rentrée ?

L’expérience du riz ou un autre regard sur nos collaborateurs, clients, partenaires, collègues et notre environnement.

Porter nos regards au-delà des vérités prêtes à consommer ?

Ou fermer les yeux de temps en temps pour regarder vers l’intérieur ?

Bonne rentrée à tous…

Emmanuel Lavergne

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